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mardi 15 janvier 2013

Carnet de Voyage


Le contrôle du corps des femmes : sont-elles dangereuses ou en danger ?




L’exigence physique et le contrôle des corps par les hommes est un fait établi quand on parle des femmes. A simple titre d'exemple, ces dernières doivent porter le voile afin de cacher leurs potentiel de séduction, doivent se conformer à des canons de beauté pour que leurs maris soient fiers de les avoir au bras. Certains critères de beauté ont toute leurs importance et dans ce post je m'appuierais en premier lieu sur l'importance de la blancheur. Le développement des industries cosmétiques qui poursuivent ce but sont une preuve de la domination de la femme blanche sur la femme noire. On voit une supériorité de l’idée de ce que la femme blanche représente : l’occident, l’opulence, la pureté... La femme noire représente la lassivité, l’animalité, la paresse. Ces points de vues sont subjectifs mais ont toujours une place dans un cadre plus large au niveau social et politique. Ce sont des stéréotypes fondés par l’histoire qui se pépértuent notamment grâce aux médias (Les publicités que vous ne verrez plus jamais : 100 ans de publicités sexistes, racistes ou simplement stupides de Annie Pastor). On remarque même qu’alors qu’en Inde les femmes aux peaux foncées constituent la norme, il y a un culte de la blancheur dû au passé colonial avec l’Empire Britannique qui a mis en avant la valorisation sociale des blancs. (Assayag, 1996) 

Le corps de la femme est donc le lieu d’incarnation des cadres sociaux et culturels puisqu’elle se plie à ces caractéristiques pour être socialement valorisée par rapport à d’autres femmes. On retrouve ici également le mythe de la femme exotique en opposition à la femme blanche représentée souvent nue, qui a des pratiques sexuelles déviantes, sauvage... (Boëtsch Et Savarese, 1999) Ces caractéristiques sont une image donnée en occident des femmes maures et pourtant, ces préjugés vont être considérés comme étant la réalité, ce qui montre qu'il y a une multiplicité des systèmes d'opression qui diffère selon chaque femme (Ici, le racisme et le sexisme). On accorde des comportements spécifique au prétexte d’une race et d’un sexe donné. 

A propos des femmes et de la dangerosité, on constate qu’il y a une ambivalence. Tout d’abord, les femmes sont en danger pour l’homme. De par leur constitution, leur capacité à procréer,  et simplement leurs caractère dit féminin elles sont considérées comme inférieures ce qui laisse la porte ouverte à toutes les dérives et tentative de maîtrise sur leurs corps. Ainsi, Aristote pensait l’infériorité de la femme à cause de son appareil génital qui était inversé par rapport à l’homme, par sa perte de sang qui signifie une créature froide Les femmes auraient eu un manque de chaleur lors de la conception, donc les organes génitaux ont été retenus à l’intérieur. Les femmes sont associés au froid, à l'humide alors que e masculin s'apparente au chaud, au dur, sec, connoté positivement (il y a là toute une symbolique du dualisme). De même, une femme ayant ses règles peut être considérée comme impure : dans l’ethnie Samo au Burkina Faso, elles peuvent faire faillir les préparations des flèches empoisonnées si elles passent près de la préparation par exemple, de même dans le judaïsme, si la femme a des relations sexuelles avec son mari durant les menstrues, elle le souillerait. (Héritier 2002) Le corps féminin est donc en danger car ses réactions biologiques comme la création du lait maternel, les règles où encore la grossesse sont interprétées de façon négative et servent d’excuse pour la marginalisation des femmes. C’est le principe de souillure qui est invoqué, l’idée qu’elle est assimilée à un fonctionnement débridé et que si on la laisse agir, elle va engendrer le mal. C’est la femme qui si elle n’est pas contrôlée est dangereuse. Ainsi, ce serait aux individus de chaque culture de comprendre les ambiguïtés de leurs normes afin de les dépasser. Le corps est le «miroir» de la société et les contraintes qui porte sur les femmes ne sont que le reflet de la domination par les hommes sur les femmes (Douglas 2001).

On trouve souvent une ambivalence qui fait que les femmes dites dangereuses sont aussi en danger car on va tenter de les contrôler, de les asservir, ou de modifier les normes pour qu’elles soient rabaissées. Ainsi, une fille pré-pubère est chaude car elle ne perd pas son sang, elle est dangereuse car elle porte une force encore masculine : une fille stérile devient desséchée brûlée par cette chaleur typiquement masculine. Elle se trouve alors dans une position de danger : punie par la masculinité. 
Dans un second temps on constate aussi que les femmes peuvent représenter un danger notamment lorsque celles-ci sont mortes : En Chine, les jeunes vierges décédées constituent les démons les plus féroces, chez les Samo, ce sont les femmes qui sont mortes alors qu’elles étaient enceintes qui représentent le Mal, les femmes ménopausées sans contrôle d’un pair masculin sont considérées comme des sorcières... (Héritier 2002) De même, en Inde, on constate qu’une femme belle est considérée comme dangereuse car elle a le pouvoir de retirer toute autorité des parents sur le fils. (Assayag, 1996)

Le corps des femmes est donc objet de domination et de contrôle par les hommes. Parce qu’il peut être considéré comme dangereux, ce corps est muselé. C’est l’image même du patriarcat et de la domination masculine. Cependant, loin de penser que cela arrive seulement dans des sociétés «exotiques», on notera qu’au Canada, la seule loi qui vise à contraindre le corps concerne les femmes : le droit à l’avortement. 

Pauline Fognini

Bibliographie : 

Héritier, Françoise. 2002. Masculin, féminin II, Dissoudre la hiérarchie, pp. 49-72. Paris : Éditions Odile Jacob. 
Assayag Jackie, 1999, « La "glocalisation" du beau. Miss Monde en Inde, 1996 », Terrain, n° 32, pp. 67-82. 
Boëtsch, Gilles et Savarese, Éric. 1999. « Le corps de l’Africaine : Érotisation et inversion » pp. 123-144, Les études africaines, 39 (1).
Douglas, Mary. 1966. «De la Souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou.» Paris : Edition Maspero. 205 p. 




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