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mardi 19 mars 2013

Carnet de Voyage - Les perspectives lesbiennes


(Suite de la politique de l'orgasme)


Les perspectives lesbiennes


Le sujet lesbien est un acquis de la deuxième vague : l’homosexualité comme concept est arrivé avec l’invention de la sexualité, on parle de la période post lumière. On va voir l’émergence d’une catégorisation des identités : on ne parle plus de l’acte homosexuel mais bien d’une personne homosexuelle. Ce changement permet la revendication de droits divers mais aussi la marginalisation et l’exclusion sociale de cette catégorie.
Les lesbiennes seront encore plus dans l’ombre que les gays étant femmes et homosexuelles, il y a une superposition des inégalités qui les rend de fait moins visibles. C’est dans les années 70 qu’on s’est intéressé au sujet lesbien, on parlait alors d’un «objet politique non identifié». Au mieux elles étaient l’analogue féminin de l’homosexualité masculine.

Dans le courant féministe, le lesbianisme va être utilisé comme le paradigme de la sexualité féminine : c’est une relation pure entre deux femmes et personne ne peut corrompre la relation car elle est égalitaire. C’est là qu’une branche du féminisme radical va faire le rejet interne d’une sexualité patriarcale (centrée sur le coït et le plaisir des hommes, phallocentrique avec des relations de pouvoir, qui mène à l’objectivation sexuelle des femmes). Elles vont s’opposer aux institutions liées à l’hétérosexualité : le mariage, l’orgasme vaginal, le coït, la reproduction et la famille. Selon elles, il faut donc se retirer de la sexualité patriarcale en éliminant l’oppression à sa racine ; de fait on réduit au minimum le lien avec l’oppresseur. 

Selon Charlotte Bunch, lesbienne politique, il faut refuser de considérer les hétérosexuelles comme des féministes a part entière ; elle amène cette idée qu’elles ont fait un bout de chemin mais ne sont pas allées au bout du mouvement et elles sont collaboratrices du système patriarcal. Le patriarcat va définir le lesbianisme comme un choix parce qu’il aurait peur de voir l’aspect politique lié au lesbianisme. C’est une théorie très utopiste qui s’inscrit dans un certain séparatisme. Il faudrait séparer les hommes et les femmes durant un certain temps afin de parvenir à une société égalitaire, puis de réintégrer la mixité. Autrement dit, un projet politique irréalisable. 

Pour Adrienne Rich toutes les femmes féministes, incluant les hétérosexuelles, sont lesbiennes à un degré varié : dès qu’une femme désire s’identifier à une autre femme, dès qu’on refuse d’être la «fille à papa» il y a une part de lesbianisme. C’est elle qui a créé le continuum lesbien fondé sur l’expérience des femmes : toute relation entre femmes à son importance, que la personne se considère comme lesbienne ou non.

La réaction des féministes : 
Il va y avoir des réticences féministes importantes : on va parler de la «menace lavande». Betty Frieden à la National Organization of Women va notamment avoir peur que l’idée de frustration de l’homme soit attribuée de fait aux féministes et va donc se distancier du lesbianisme politique. 




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