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lundi 29 octobre 2012

Carnet de voyage de Pauline Fognini - Mon arrivée à Montréa


Pauline Fognini est étudiantes à l'IEP de Lyon. Elle passe cette année outre-Atlantique et nous rendra compte régulièrement de ses découvertes. De notre envoyée spéciale au Québec donc...
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Me voilà arrivée depuis plus d’un mois au Québec, à Montréal plus exactement. Ce qui m’a laissé le temps d’apprécier le climat général de cette ville envers les femmes et le féminisme. Les temps sont changeants, le Québec a élu au rang de première ministre Pauline Marois en septembre, plus de 70 ans après l’accès au droit de vote des femmes. Il semble clair que tous ont des attentes particulières, certains attendent qu’elle fasse ses preuves et d’autres espèrent simplement des réformes allant dans le sens des femmes, comme si cela était inhérent à sa condition de genre. Bien heureusement, féministe, elle l’est et elle milite pour aider l’émancipation et l’autonomie des femmes dans la sphère publique.
J’ai donc eu l’opportunité de faire mon année d’échange à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), grandement motivée par Muriel Salle qui m’en vantait les qualités. Effectivement, j’ai la chance d’être inscrite à l’Institut de Recherches Des Etudes Féministes (IREF) qui semble l’endroit parfait pour étudier le féminisme. Ici, on traite du sujet autrement qu’en France : on ne parle pas d’études de genre ou de rapports sociaux de sexe. Le but est d’étudier les raisons de la domination patriarcale que ce soit au niveau anthropologique, psychologique ou social. On étudie également les grandes féministes du Canada et leurs combats. Voici les 3 cours que je suis actuellement : 
- Femmes et Politique, 
- Anthropologie de la condition des femmes 
- et Homosexualité et Société. 
Le système est complètement différent de celui que j’avais connu avant : il y a beaucoup d’interactions entre les professeurs et les étudiants, le cours est mis de côté pour privilégier l’échange. Contrairement à ce que j’ai pu croire en arrivant, les auditeurs ne sont pas que féminins et j’ai le sentiment que nos homologues masculins ont une réelle conscience ici des différences de traitement entre hommes et femmes. Quand on leur demande pourquoi sont-ils en étude féministe, la réponse semble être évidente : pouvoir disposer d’outils théoriques, de réflexions nouvelles pour pouvoir se construire une opinion et militer pour le droit des femmes à une certaine échelle. Ce qui est également frappant ici est la différence de réactions selon les nationalités quand je parle de mes études : en France, je ne vous parlerais pas des blagues incessantes sur l’utilité de ce type d’étude parce que « les hommes et les femmes sont déjà égaux » (Bah voyons !), ici au Québec, les gens sont plutôt curieux du style « Ah bon vous nous trouvez égalitaires » ? et enfin d’une amie suédoise : « Génial ! Nous en Suède on a encore du chemin à faire »... (Si elle savait...)
Au Québec, ces différences de relations se traduisent dans la vie quotidienne : si le documentaire Femme de la rue réalisée par Sofie Peeters vous semblait être votre réalité, fuyez et venez au Canada ! Ici, les hommes ne draguent pas, ce serait plutôt l’inverse : personne ne vous fera une remarque désobligeante dans la rue.  De plus, l’homosexualité est un fait plus accepté, d’une part le mariage et l’adoption sont légaux, et d’autre part, vous trouverez à Montréal l’un des plus grands quartiers gai du monde appelé Le Village ce qui est bien la preuve d’une plus grande tolérance.
Si vous voulez étudier le féminisme, venir à Montréal semble la meilleure option, les cours sont plus intéressants les uns que les autres et le système pédagogique est vraiment motivant.